mardi 20 janvier 2009

He's just a Witness, Alone but hopeful...


- Un Johnny Walker, lâcha t il en s’asseyant sur le premier tabouret du bar.


Le barman répondit par un sourire, puis prit un verre qu’il remplit d’un trait, avant de la poser devant lui. Ce barman, avec ses bras tatoués et sa barbe de rocker, devait surement être de ces vieux bikers, pensa-t-il, du moins au temps où les Harley roulaient encore.
Dans un coin de la pièce, au dessus du vieux bar old retro en bois comme on en fait plus, une vieille télé à l’ancienne montrait un vieux matche de foot, sur une mauvaise image pleine de grains. Finale de la coupe du monde 98 se rappela-t-il, jour mémorable où il avait été recruté pour travailler dans une grosse boite de haute technologie.


Le jeune homme qui s’approcha du bar sorti de ses souvenirs, quand il parla au barman :
- Excusez-moi, monsieur, ca fait combien ?
- 12$, répondit sèchement le barman.
- Ha, c’est étonnant, c’est vraiment pas cher pour boire dans un taudis pareil.

Son copain, resté à table, éclata de rire.
- Mais dites moi, on peut payer avec de la monnaie récente ? car là, j’ai pas d’ancienne sur moi…
- Payez moi et tirez vous, bande de connard, coupa le barman.

Les 2 jeunes, mort de rire, jetèrent les billets sur le bar, puis sorti, visiblement satisfait de leur effet.


- Ils le regretteront, ne vous inquiétez pas, dit-Il au barman, en espérant l’aider un peu.
- Oui je sais, mais bon. Ces jeunes, aucune mémoire, aucun respect… Quand ils seront à notre place, ils se rappelleront.
- Mais ce n’est pas eux qu’il faut blâmer, eux ne sont, on peut dire, que des victimes. C’est le progrès de la société, la course aux élites et autres conneries du genre qui leur ont empêché d’apprendre les vraies valeurs de la vie, et de les remplacer par développement et profit…
- Oui, mais quand même, des gens nous étaient là pour les en empêcher, et regardez moi, je suis encore là, un aigle à qui on à coupé les ailes, mais je suis encore là, alors que tous les bars ferme l’un après l’autre. Aujourd’hui, si on n’a pas cette putain d’EHP (écran holographique à proton, ndlr), de mur autocolor avec machine à cocktail et autres boites à plaisir électronique, on tient pas. On a échoué, c’est tout, on était pas assez, et maintenant on est au bord du précipice. Le monde implose de sa connerie et de sa stupidité, des gens se permettent de faire la fête alors que d’autres crèvent. Je ne nous laisse même pas quelques années. Et dire qu’un jour, on avait cru qu’un noir pourrait devenir président…

Les paroles de ce barman, devenu l’espace d’un instant philosophe, mentor ou bouddhiste, résonnèrent dans sa tète. Il s’en voulait chaque jour davantage d’avoir été complice anonyme du déclin du monde par la science, jusqu’au jour où il plaqua tout pour ce boulot de pseudo antiquaire, ressemblant plus à une décharge, à l’autre bout de la ville. Depuis, il attendait la fin, en pauvre témoin oublié, la culpabilité en plus.

Le barman le sorti de ses pensées :
- Sinon, vous faites quoi dans le coin ?
- J’n’suis que de passage dans le quartier, et comme je cherchais un nouveau bar dans ce style, depuis que le mien a fermé, je me suis arrêté. D’ailleurs il se fait tard, j’vais pas tarder. Combien je vous dois ?
- 3,50 ; et vous savez ? A l’allure où ca va, je ne serai pas là longtemps, répondit il en même temps que l’acclamation de la foule sur le second but de Zidane.
« Moi non plus j’ne serais plus là longtemps », pensa-t-il en posant l’argent sur le bar.
- Au fait, vous en avez d’autre des cassettes ?
- Non, plus beaucoup, ca s’usent vite et là elles sont toutes cassées, et c’est dur d’en trouver.
- Vous inquiétez pas, restez ouvert jusqu’à que je vous en ramène, d’accord ?
Le barman hocha de la tète, puis il rattrapa le témoin.
- Attendez, vous n’avez pas touché à votre verre !
- C’est pas grave, buvez le pour moi ! Puis il parti.
Car pour lui, la liberté, la vraie, c’est juste de pouvoir commander un whisky dans un bar, tenu par un barman réel, en écoutant des soulard raconter leur besognes. Valeur entièrement disparu aujourd’hui, qu’il à retrouvé le jour de son « éveil ».


« C’est l’idée du café qui compte, pas le gout… »

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